A quoi sert la motivation?

La motivation est centrale dans la réussite de tout projet. Tout le monde est motivé par quelque chose.
Mais, qu'est-ce que cela signifie? Est-ce facile de se motiver?
Ethymologie : "motivation" vient du mot “motif”, lui-même emprunté au latin “motivus” qui veut dire “mobile” et “movere” dont l’équivalent en français est se mouvoir. Il signifie en ancien français “ce qui met en mouvement”.
La motivation permet de comprendre pourquoi on passe à l’action (le motif) et pourquoi on persévère dans ses efforts. Elle est liée aux émotions et donc très personnelle.

"C'est une force mentale qui nous pousse à passer à l'action et à nous aider à mobiliser les ressources physiques et psychiques nécessaire à l'atteinte de l'objectif fixé"
Extrait du livre de "NeuroLearning. Les neurosciences au service de la formation" de Dr N.Medjad, P. Gil , P. Lacroix (p. 149)

David Lefrançois, expert en neuroscience explique d'une autre façon ce qu'est la motivation

Comprendre comment fonctionne la motivation permet d’agir sur celle-ci. Certaines activités sont peu motivantes et méritent parfois d’être simplement abandonnées au profit d’autres, plus captivantes ou constructives. Mais parfois, certaines tâches sont incontournables. Trouver des moyens de les rendre amusantes ou intéressantes peut réellement changer notre vécu et nous rendre plus efficaces. Vous allez découvrir quelques leviers pour bouger la motivation.

 Repérer les Motivateurs Prioritaires

La motivation intrinsèque c’est génial mais le feu ne s’allume pas toujours tout seul. Parfois il faut lui mettre un (gros) coup de pouce. Allumer l’étincelle qui va déclencher le reste (ou pas). Il faut alors détecter les motivateurs intrinsèques et les utiliser de manière efficace et pertinente.

Jurgen Appelo a mis en évidence 10 désirs intrinsèques qui sont dérivés de l’œuvre de Daniel Pink, Steven Reiss et Deci / Ryan et a créée un jeu de cartes.

• Sentiment d'appartenance : j’ai une bonne position, reconnue par mes pairs
• Curiosité: je peux explorer et découvrir de nombreuses choses
• Sens: mes objectifs de vie sont reflétés dans mes actions
• Liberté: je ne dépends pas des autres pour faire mon travail et exercer mes responsabilités
• Besoin de reconnaissance : les personnes autour de moi acceptent et valorisent ce que je suis
• Honneur: mes valeurs personnelles sont reflétées par le groupe, ce qui augmente ma loyauté
• Ordre : il y a suffisamment de règles et de procédures pour assurer un environnement stable
• Maitrise: le travail challenge mes compétences mais reste dans mes capacités
• Sentiment d'être utile : Je peux influencer ce qui se passe autour de moi
• Qualité des relations : je suis connectée socialement avec les personnes au sein et à l’extérieur de mon travail  

Pour  détecter votre profil de motivation, imprimez et découpez le moving motivators en français (jeu de 10 cartes)
Première partie de l'exercice : identifiez quelles motivations vous sont les plus importantes. Rangez les cartes sur un ligne de gauche à droite, en commençant par la carte la moins importante et en finissant par celle qui vous semble la plus importante. Très souvent, c'est les 2 ou 3  premiers motivateurs qui agissent tout le temps dans notre mécanisme de motivation. Mais, il est bon de savoir valoriser les autres surtout quand il y a un changement.
Deuxième partie de l’exercice : imaginez-vous un changement professionnel et déterminez comment ce changement affecterait vos motivations. Faites monter les cartes quand la motivation augmente sur ce point, ou descendez quand elle diminue « j’aurai plus de liberté, mais moins de lien ».
L’exercice révèle les effets des changements organisationnels sur vos motivations. Quand suite au changement la plupart de vos motivations baissent ou quand seules les cartes les moins importants se déplacent vers le haut, vous réaliserez que vous devez travailler sur vos motivations.
 

Le circuit de la récompense et de la punition

Les recherches en neurosciences ont confirmé que le circuit de la récompense est un réseau de neurones dont l'activité est au cœur des mécanismes mis en jeu dans la motivation. Ce réseau neuronal s'active lorsque nous comblons nos besoins et s'il y a plaisir, il libère alors le neurotransmetteur (la dopamine). Une fois la récompense obtenue, l'activation de l'hypothalamus donne naissance aux ressentis affectifs, corporels, la dopamine libère d’autres neurotransmettteurs du plaisir (endorphine, sérotonine). On est joyeux, détendus.

« Le circuit de récompense (besoin, désir, plaisir, récompense) se déclenche pour tout comportement de motivation. C'est la perspective d'une récompense ultérieure( argent, affection, pouvoir, note..) qui nous incite à produire un effort physique ou mental » Bernard Sablonnière

 Il existe aussi le circuit de la punition qui permet de faire face aux situations déplaisantes. Une non satisfaction du besoin produit dans notre cerveau une baisse de dopamine qui engendre une sensation de déplaisir. Ce circuit neuronal  implique l'hypothalamus, l'amygdale, l'hyppocampe et libère les neurotransmetteurs (le cortisol et l'adrénaline).  Dans cette situation, nous fuyons ou luttons comme ce déplaisir (peur, punition).

Pour Antonio Damasio, neuroscientifique, la récompense nous conduit à nous ouvrir vers l’environnement, tandis que la punition nous referme sur nous même.
Pour conclure, le circuit de la récompense, (par le cycle « désir – action – satisfaction »), et le circuit de la punition, (par la réponse de fuite ou de lutte réussie), amènent l’individu à assouvir ses besoins et à éviter les expériences douloureuses. La motivation navigue entre ces 2 circuits.

Le Feedback dans la motivation

Les neurosciences soulignent l’importance du Feedback ou rétroaction sur un travail effectué par une personne dans tout processus d’apprentissage. Son but est (ou devrait être) de fournir une aide positive, des stratégies à une autre personne pour qu’elle trouve l’impulsion nécessaire pour s’améliorer.  Il ne devrait pas seulement montrer à la personne ce qu’elle a fait de mal, on souligne aussi une avancée, un progrès, une amélioration. En effet, si l'erreur est biologiquement programmée pour être désagréable, il faut l'accueillir et la comprendre. L'apprentissage se fait par essai-erreur. C'est pour cela que le Feeback doit être réalisé au plus près du travail, tant que le cerveau est toujours actif et apte à comprendre les éventuelles erreurs commises.
Lorsque le feedback corrige une erreur, il permet de rectifier le tir et met en place le processus d’évitement du chemin neuronal. Nous ne sommes pas dans la logique du circuit de la punition.
Lorsque le feedback souligne un succès, il renforce la voie neuronale du circuit de la récompense, le plaisir suscité facilite le chemin et renforce motivation.

Existence de plusieurs Feedback :
- Les feedbacks motivants : feedback de positionnement ( permet de mesurer le chemin parcouru et le chemin restant pour l’acquisition d’une connaissance ou d’un savoir-faire. Grille d'évolution pour savoir où l'on se situe); feedback d’encouragement ( permet de valoriser les progrès, mêmes s'ils sont minimes)
- Les feedbacks correctifs : feedback d’erreur ( permet de voir ce qui est bon et faux sans donner la correction, cela permet d'essayer de les corriger par soi-même); feedback de correction (  permet de corriger les erreurs liées aux connaissances, méthodes ou comportement en conseillant et en expliquant.)
- Les feedbacks évaluatif : feedback positif simple ( évalue la réussite par un mot (bravo, féliciation), par une couleur, ou par un nombre icones (nombre étoiles)); feedback positif complexe ( commentaire qui souligne positivement les apprentissages acquis)
- Le feedback actif : on pointe les points d’amélioration et  on dresse des étapes pour atteindre les objectifs, s’améliorer)

Sara Joban parle de stratégie « sandwich »  lorsqu'elle réalise un feedback auprès de ses élèves. D’abord, elle souligne quelque chose de positif, puis elle souligne ce qui ne va pas bien, les erreurs et elle termine par donner des pistes, des stratégies d’amélioration.

Pour la psychologue Carol Dweck, il faut reconnaître les efforts au même titre que les résultats. C'est mieux de favoriser la compétition avec soi même plutôt qu'avec les autres, cela évite les situations de comparaisons, le stress, la dévalorisation ou survalorisation. L'objectif est de diriger le focus sur la tâche, c'est la tâche qui demande du temps, des efforts; ce n'est pas moi qui suis nul par rapport aux autres.

Le feedback va dans ce sens, on évalue les résultats mais surtout on valorise les efforts et l'on donne des pistes pour s'améliorer. On voit les erreurs comme des occasions d’apprendre et des étapes normales du processus d’apprentissage, on propose des outils d’auto évaluation et des stratégies pour les corriger.

"Toutes les victoires et tout le progrès humain reposent sur la force intérieure" Maria Montessori

Astuces pour réguler la motivation

• Changer de langage
  Utilisez les techniques de renforcement positif : habituez-vous à félicitez l'autre sur tout ce qu’il fait de bien, même les plus petites choses, même ce qui nous vous semble pas important. Vous lui permettez ainsi de se sentir récompensé dans ses efforts. Evitez soigneusement d’insister sur les comportements négatifs, n’en parlez pas et remplacez les phrases négatives et décourageantes qui dévalorisent par des mots positifs et encourageants.

• Proposer des défis
  L’idéal est de proposer des challenges que la personne peut réussir. S’organiser pour qu'elle ne soit pas  tenté par d’autres activités plus intéressantes. Son attention sera focalisée sur la tâche.  Pour que la personne accepte le défi, on lui propose des tâches d’un niveau adapté ainsi qu'un planning des étapes.
  On divise donc la tâche en défis atteignables, avec des feedback immédiat, et on a défini une surprise finale qui récompense les efforts faits tout au long du défi. La réussite n’en sera que plus satisfaisante et motivante.

• Établir des objectifs précis, atteignables
  Il est nécessaire d’avoir un objectif, un but à atteindre, un rêve à réaliser, pour avoir la motivation de travailler ou faire une tâche. Il faut qu'il soit réaliste pour qu'il reste motivant.
  La première chose, c'est d'identifier un objectif final  : A quoi va me servir cette action, ce travail ?
  Puis, découper la tâche en petits objectifs précis, et avec des mesures qui permettent de savoir si les objectifs sont atteints. C'est la méthode des "petits pas".
  On peut aussi commencer par la tâche la moins motivante quand on est « frais et dispo », mais il est préférable de commencer par ce qui nous paraît plus facile car notre cerveau libére le neurotransmetteur de dopamine,on est détendu, motivé car on arrive à faire la tâche puis on fini par le plus compliqué. 

• S'entourer de personnes motivantes
  Entourez-vous de personnes qui partagent la même passion, la même motivation : avec eux et en partageant vos encouragements, vous allez placer la barre plus haut et vous motiver mutuellement.
  Identifiez des personnes qui vous inspirent. Inspirez-vous du parcours des meilleurs ayant atteint un objectif similaire à celui que vous vous fixez, cela va vous aider à prendre des décisions et à être motivé.

"La clé est de tenir compagnie uniquement avec les personnes qui vous élève, dont la présence suscite le meilleur en vous."
                            Épictète

" L'art de la réussite consiste à savoir s'entourer des meilleurs.”   John Fitzgerald Kennedy